Restauration Collective

LES 11ÈMES ENTRETIENS DE NUTRITION DE L’INSTITUT PASTEUR DE LILLE

– Approche socio-historique des interdits alimentaires J-Pierre Corbeau, Université Rabelais à Tours

«Manger» est un phénomène total qui signifie une appartenance sociale, qui affirme un lien sociétal et affectif et qui participe à la construction d’une identité culturelle… Mais «manger» représente aussi une prise de risque que cette identité culturelle a «géré» collectivement, puis plus individuellement au fil des millénaires, à travers des règles, des constructions de répertoires du comestible désignant des «interdits» qui survivent dans «l’oubli collectif» pour se transformer en peurs ou craintes. Relevant initialement de croyances magiques, les pensées religieuses se les approprient de façon différente, exprimant souvent des conditions d’accès (interdits sexistes, liés aux situations, aux processus de transformation) aux produits vivants, c’est-à-dire aux incorporations pleines d’incertitude (sang, vin, fromages, fermentations, etc). Aux interdits religieux s’ajoutent, plus récemment, ceux de la médecine qui rejoignent parfois (du moins chez certains de ses théoriciens) les interdits magiques ou religieux. Des principes éthiques émergent, ou se démasquent, qui interdisent la consommation de tel ou tel type d’aliment. Des discours contemporains valorisent jusqu’au déni certains types d’aliments (végétariens versus végétaliens), condamnent le lait (particulièrement de vache), l’élevage et les produits qu’il fournit (anti-spécistes). Par le biais de certains réseaux et le lobbying, ils trouvent des alliés objectifs dans un certain type de législation. Enfin, au fil du temps des interdits alimentaires imbriqués dans les phénomènes d’individualisation et de montée de la perception égotique apparaissent qui renvoient à l’histoire intime de la

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